Les priorités en matière de lutte contre les MGF

Revendications politiques : priorités 2019-2020

Dans sa lutte pour l’abandon des mutilations génitales féminines, une des missions du GAMS Belgique est de remonter au niveau politique les besoins du terrain. Notre plaidoyer se base sur notre travail de terrain et se fait en consultation avec les autres acteur·rice·s de terrain. Pour 2019-2020, nous avons établi une liste de revendications prioritaires.

Priorité 1 : Assurer une prévention et protection pour toute fille et femme à risque de mutilation génitale féminine (MGF)

Selon la dernière étude de prévalence, plus de 8 000 filles vivant en Belgique sont potentiellement à risque de MGF

  • Disposer d’une véritable politique nationale de prévention et protection des filles à risque d’excision validée par les instances compétentes
  • Élaborer une politique de protection des femmes et des filles dans le cadre du regroupement familial

Le GAMS souhaite favoriser la mise en place d’une table ronde d’expert·e·s de la petite enfance, des violences sexuelles, des droits des enfants, d’éthique…, belges et internationaux, afin de définir une stratégie commune. Nous souhaitons que cette stratégie belge soit basée sur l’évidence scientifique et dont la mise en œuvre est prise en charge par l’Etat.

Le GAMS souhaite contribuer au renforcement de la prévention des MGF à travers des mesures de sensibilisation, visant en particulier des parents et des primo-arrivant·e·s.

 

Priorité 2 : Assurer un accompagnement multidisciplinaire de qualité et continu aux femmes et aux filles ayant subi une MGF sur tout le territoire belge

Selon la dernière étude de prévalence, plus de 17 000 femmes vivant en Belgique ont subi une MGF. Ces femmes ont le droit à une prise en charge multidisciplinaire de qualité et accessible, et ce peu importe leur origine, la langue qu’elles parlent, leur statut administratif ou leur lieu de vie.

  • Intégrer la question des violences de genre de manière générale, en particulier les mutilations génitales féminines et du mariage forcé, dans les formations de base des professionnel·le·s de la santé, de la santé mentale et du social sur tout le territoire belge
  • Appliquer le Règlement Dublin III de manière souple, humaine et solidaire y compris en reconnaissant la vulnérabilité des femmes confrontées aux violences de genre
  • Former des personnes de référence au sein des professions concernées (relais au sein de leur service pour accompagner/conseiller les collègues confronté·e·s à une situation de MGF)
  • Renforcer les partenariats du GAMS Belgique avec les différents services d’accueil des femmes et des filles suite à une demande de protection internationale obtenue
  • Assurer la continuité des services pour que chaque personne puisse avoir un accompagnement multidisciplinaire de qualité
  • Pérenniser une présence du GAMS Belgique et de ses actions en Flandre
  • Pérenniser une présence du GAMS Belgique et de ses actions en Wallonie
  • Renforcer la présence et les actions du GAMS Belgique dans la région de Bruxelles-Capitale

Le GAMS Belgique demande une intégration de la problématique des MGF dans le cursus de base des professionnel·le·s de la santé et du social : gynéco, pédiatrie, médecine générale, sage-femme (h/f/x), infirmier·ère, kinésiste, sexologue, psychologue, assistant·e social·e, éducateur·rice, conseiller·ère conjugal·e, médiateur·rice, ainsi que des policier·ère·s et des magistrat·e·s, ainsi que la désignation et la formation de personnes de référence dans : les hôpitaux (maternités) + dans les travel clinics, les équipes SOS Enfants, l’ONE/K&G, dans les PSE/PMS et CLB, au SAJ, dans les parquets majeurs et mineurs, dans les services de police, dans les CPAS. Nous demandons que les violences basées sur le genre soient prises en compte dans les demandes de protection internationale.

Afin d’assurer une continuité des services, nous demandons par ailleurs que les associations de terrain, dont le GAMS Belgique, puissent bénéficier de fonds structurels permettant d’assurer la stabilité de l’équipe en acquérant davantage de subventions destinées à la création et à la pérennisation de certains postes. Afin d’assurer la couverture géographique nous voulons pérenniser la présence du GAMS Belgique dans les régions flamande et wallonne, notamment à travers la mise en place de nouvelles permanences.

 

Priorité 3 : Assurer une protection efficace des femmes ayant fui un mariage forcé

Les femmes ayant fui un mariage forcé bénéficient actuellement de peu de protection en Belgique car leur demande d’asile est fréquemment rejetée.

  • Assurer une reconnaissance des mariages forcés en tant que violence basée sur le genre
  • Former les professionnel·le·s concerné·e·s à la problématique des mariages forcés
  • Promouvoir une approche de genre dans le traitement des demandes de protection internationale
  • Promouvoir le travail en réseau d’acteur·rice·s travaillant sur la thématique des mariages forcés en Flandre et en Wallonie

Les institutions de traitement des demandes de protection internationale et les professionnel·le·s doivent recevoir une information et une formation adéquate sur les violences basées sur le genre, y compris les mariages forcés. Le travail de réseau autour du sujet des mariages forcés doit être renforcé, notamment en Flandre.

 

Priorité 4 : Assurer une représentation positive et non-stigmatisante des femmes concernées par les MGF et les mariages forcés

  • Développer la perception des MGF et du mariage forcé comme étant des violences de genre et non des spécificités culturelles
  • Réduire les stéréotypes et les idées reçues dont sont victimes les femmes concernées par les MGF
  • Bâtir des ponts entre les MGF et d’autres pratiques néfastes pour la santé mentale et physique des femmes et/ou des enfants
  • Intégrer la question des mutilation génitales féminines et du mariage forcé dans les séances d’éducation sexuelle EVRAS

Le GAMS Belgique souhaite œuvrer pour un renforcement de la perception des MGF et du mariage forcé comme étant des violences basées sur le genre, et non des spécificités culturelles, notamment vis-à-vis des professionnel·le·s et du grand public.

Renforcer notre soutien aux associations œuvrant pour les droits d’autres personnes à qui ce genre de pratiques sont imposées en s’associant à des projets et des actions.

Nous souhaitons continuer de mettre en lumière les liens entre MGF et d’autres pratiques de modification de l’organe génital externe : mutilation génitale intersexe, circoncision des garçons, chirurgies esthétiques génitales, etc.

Nous souhaitons intégrer la prévention et la détection des MGF dans la petite enfance dans un programme plus large de prévention et identification précoce des violences sexuelles chez les enfants via les PSE/CLB et écoles et renforcer l’intégration des MGF et des mariages forcés dans l’Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle à l’école.

À l’approche des élections législatives fédérales belges, le 26 mai 2019, le GAMS Belgique a publié une note de plaidoyer pour une politique améliorée de prise en compte des mutilations génitales féminines en Belgique. Nous avons également soutenu les revendications de plusieurs associations et collectifs. Plus d’informations ici

(1) Plan stratégique de promotion de la santé 2018/2022 du gouvernement francophone bruxellois

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