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Lutte contre l’excision en Belgique : des écarts criants entre les régions qui minent le travail de prévention et mettent des enfants à risque

À l’approche de la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines (MGF), le GAMS Belgique dénonce le manque de politique harmonisée en Belgique en matière de lutte contre l’excision.

Chaque 6 février, à l’occasion de la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des MGF, nombreuses sont les prises d’engagement publiques pour la lutte contre l’excision en Belgique et dans le monde. Malgré ces belles paroles, l’association belge spécialisée GAMS Belgique doit lutter chaque année pour obtenir les fonds nécessaires à ses activités de prévention, protection et accompagnement des personnes concernées par les mutilations génitales féminines.

 

Une bonne nouvelle cependant ! Madame la Ministre Christie Morreale vient d’officialiser la pérennisation des activités du GAMS Belgique en Wallonie à travers sa reconnaissance en tant que service d’accompagnement des victimes de violences de genre. « Lutter contre les MGF, c’est développer des stratégies de prévention, de protection et d’accompagnement efficaces des personnes concernées. C’est leur permettre de pousser la porte de services comme le GAMS Belgique. C’est pourquoi nous avons pérennisé le travail de cette association en Wallonie, à travers ses antennes de Namur et de Liège. »  Le GAMS demande que chaque région puisse offrir ce dispositif de financement structurel aux associations luttant contre les violences faites aux femmes à l’instar de la Wallonie.

D’après la dernière étude de prévalence-2018 (1) plus de 8 000 femmes et filles concernées résident en Région de Bruxelles-Capitale, et plus de 11 000 habitent en Flandre.  Paradoxalement, c’est en Flandre (où les besoins sont les plus grands vu le nombre de personnes concernées) que les moyens financiers dégagés par le gouvernement sont les plus faibles : 63 500 euros par an pour couvrir le travail de prévention pour toute la Flandre ! Le résultat de ce manque d’engagement politique : une augmentation de situations à risque en Flandre avec des appels de professionnel.le.s qui ne savent pas comment gérer des situations et une équipe au GAMS Belgique débordée.

« Le manque de financement aux associations de terrain qui peuvent sensibiliser les familles et le manque de formation des professionnel·le·s met clairement des enfants en danger » déclare Fabienne Richard, directrice du GAMS Belgique. « Nous faisons de plus en plus un travail en urgence sur des situations à risque, et faisons le lien entre le parquet, l’aide à la jeunesse… Alors qu’un travail de prévention en amont éviterait tout ce stress pour l’enfant. Le jour où l’on découvrira une excision chez une enfant née en Belgique, il ne faudra pas dire qu’on ne savait pas ».

À nouveau, le GAMS Belgique insiste sur la nécessité de former les professionnel·le·s en contact avec les femmes concernées.  L’intégration de la question des MGF dans le curriculum de base fait son bout de chemin en Fédération Wallonie-Bruxelles avec le travail engagé avec l’ARES (Académie de la recherche et de l’enseignement supérieur), mais n’est pas à l’agenda en Flandre pour le moment.

Le GAMS Belgique réclame une politique harmonisée entre les régions, des financements structurels pour les associations à l’instar de ce qui se fait en Wallonie pour les services d’accompagnement de victimes de violences de genre.  « Nous sommes épuisées par les approches à projet, par ce manque de soutien structurel, par les situations où on fait le travail de l’État en travaillant au-delà des heures le soir et le weekend car on ne peut pas abandonner des enfants en danger. Il est grand temps de fixer des priorités en ce qui concerne les violences faites aux femmes et aux filles et de soutenir les associations de terrain » lance Katrien de Koster, coordinatrice des activités du GAMS Belgique en Flandre.


Contact presse francophone

Fabienne Richard
Directrice du GAMS Belgique et sage-femme référente MGF

0473 41 06 91 | fabienne@gams.be

 

À propos du GAMS Belgique

Depuis 1996, le GAMS Belgique (ASBL) lutte pour l’abandon des mutilations sexuelles féminines en Belgique et ailleurs. Son équipe collabore avec les communautés concernées et effectue un travail de prévention, de soutien, de formation des professionnel·le·s et de plaidoyer. Le GAMS Belgique est membre du Réseau européen End FGM ainsi que du Comité interafricain de lutte contre les pratiques néfastes (CIAF).

(1)Estimation de la prévalence des filles et femmes excisées ayant subi ou à risque de subir une mutilation génitale féminine vivant en Belgique, 2018.

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