GAMS BELGIQUE
Que sont les MGF ?
Nous reconnaissons les mutilations sexuelles fénimines comme une violence de genre.
Définition des violences de genre
Les violences de genre sont des violences perpétuées à l’encontre d’une personne sur base de son sexe et qui s’enracinent sur les représentations que l’on se fait des rôles attendus (genre) de cette personne. Ces violences de genre peuvent avoir des conséquences lourdes sur les victimes et empiéter sur tous les champs (personnel, professionnel, etc.).
Les mutilations génitales féminines et les mariages forcés sont une violence de genre dans le but de contrôler la personne (tant au niveau physique que mental). Ces violences de genre peuvent avoir de lourdes conséquences tout au long de la vie des personnes concernées.
Les MGF
Les mutilations génitales ou mutilations sexuelles féminines sont « des interventions qui altèrent ou lèsent intentionnellement les organes génitaux externes de la femme pour des raisons non médicales ». (OMS, 2014)
Type I · Clitoridectomie
Ablation partielle ou totale du gland clitoridien et/ou du capuchon clitoridien.
Type II · Excision
Ablation partielle ou totale du gland clitoridien et des lèvres internes, avec ou sans excision des lèvres externes.
Type III · Infibulation
Rétrécissement de l’orifice vaginal par recouvrement, réalisé en sectionnant et en repositionnant les lèvres internes ou externes, parfois par suture, avec ou sans ablation du capuchon et gland clitoridiens.
Type IV
Toutes les autres interventions néfastes au niveau des organes génitaux féminins à des fins non médicales, par exemple, piquer, percer, inciser, racler et cautériser les organes génitaux.
Remarques
- En pratique, il est fréquent de les distinguer en deux grandes catégories : l’excision et l’infibulation (la distinction entre les types 1 et 2 n’est pas toujours aisée à faire pour un clinicien qui n’est pas familier des mutilations génitales féminines). Il arrive également que les petites lèvres se soudent spontanément sans qu’il y ait eu une suture avec du fil ou des épines d’acacia.
- Le clitoris est un grand organe (de 8 à 10 cm) dont la majeure partie est interne. L’excision correspond à l’ablation de la partie visible ou externe (le gland du clitoris) mais pas à la totalité du clitoris. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a adapté la description des différents types de MGF en 2022 en remplaçant « ablation totale du clitoris » par « ablation totale du gland du clitoris ».
D’autres pratiques apparentées aux MGF
Dans le monde
Les estimations les plus récentes (UNICEF 2024) estiment que 230 millions de filles et de femmes ont subi une mutilation sexuelle féminine et que 4 millions de filles sont à risque chaque année.
La moitié de la population concernée, soit 100 millions, est répartie dans trois pays : l’Egypte, l’Ethiopie et l’Indonésie. Si la pratique est présente dans au moins 28 pays africains, elle se retrouve aussi en Asie (Indonésie, Malaisie…), dans la péninsule arabique (Yemen, Oman…), au Moyen-Orient (Irak, Iran…) et en Amérique Latine (Colombie, Pérou).
La prévalence diffère beaucoup selon les régions, y compris au sein même des pays. Le groupe ethnique et la région d’origine en sont des facteurs déterminants.
Prévalence en % : 15-49 ans
Sources basées sur DHS & MICS (avril 2022) & d’autres enquêtes représentatives au niveau national
Afrique du Sud
cas rapportés parmi les populations migrantes
Alaska (USA)
cas rapportés parmi les populations migrantes
Australie
cas rapportés parmi les populations migrantes
Bénin
9,2% de femmes
Bengladesh
cas limités à certaines communautés
Burkina Faso
74,8% de femmes
Canada
cas rapportés parmi les populations migrantes
Cameroun
1,4% de femmes
Colombie
cas limités à certaines communautés
Côte d'Ivoire
36,7% de femmes
Djibouti
93,1% de femmes
Egypte
87,2% de femmes
Erythrée
83% de femmes
Ethiopie
65,2% de femmes
Europe
cas rapportés parmi les populations migrantes
Gabon
cas rapportés parmi les populations migrantes
Gambie
72,6% de femmes
Ghana
2,4% de femmes
Guinée
94,5% de femmes
Guinée-Bissau
52,1% de femmes
Guinée équatoriale
cas limités à certaines communautés
Indonésie
51,2% des femmes
Inde
cas limités à certaines communautés
Irak
7,4% des femmes
Iran
cas limités à certaines communautés
Israel
cas limités à certaines communautés
Jordanie
cas limités à certaines communautés
Kenya
21% des femmes
Libéria
31,8% des femmes
Lybie
cas rapportés parmi les populations migrantes
Lybie
cas rapportés parmi les populations migrantes
Nigéria
19,5% de femmes
Niger
2% de femmes
Maldives
12,9% de femmes
Mali
88,6% de femmes
Malaisie
cas limités à certaines communautés
Mauritanie
66,6% de femmes
Mexique
cas rapportés parmi les populations migrantes
Ouganda
0,3% des femmes
Oman
cas limités à certaines communautés
Pakistan
cas limités à certaines communautés
Perou
cas limités à certaines communautés
Philippines
cas limités à certaines communautés
République Cantrafricaine
21,6% de femmes
République démocratique du Congo
cas limités à certaines communautés
Sénégal
25,2% de femmes
Sierra Leone
83% de femmes
Somalie
99,2% de femmes
Soudan
86,6% de femmes
Sri Lanka
cas limités à certaines communautés
Syrie
cas rapportés parmi les populations migrantes
Tanzanie
10% des femmes
Thaïlande
cas limités à certaines communautés
Tchad
34,1% des femmes
Togo
3,1% des femmes
Yémen
18,5% des femmes
Turquie
cas rapportés parmi les populations migrantes
USA
cas rapportés parmi les populations migrantes
Zimbabwe
cas limités à certaines communautés
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Nos posters « Prévalence des mutilation sexuelles féminines dans le monde » est disponible en 2 langues.
- Poster Prévalence en français
- Poster Prévalence en néerlandais
- Poster Prévalence en anglais
Raisons invoquées
Plusieurs raisons sont invoquées par les populations concernées pour justifier ces pratiques, et maintes combinaisons sont possibles. Les raisons habituellement citées diffèrent selon les pays et les ethnies, mais aussi au sein d’une même ethnie. (Gillette-Frenoy 1992).
Le respect de la coutume ou de la tradition
C’est la réponse la plus fréquente à la question : pourquoi exciser ?
C’est que cela s’est toujours fait, ça se fait, c’est tout. C’est naturel, c’est normal.
La cohésion sociale, l’intégration sociale
Pour être comme tout le monde, ne pas être exclue.
Le mariage
« Une fille non excisée ne trouvera pas de mari ». C’est avec le respect de la coutume, une des raisons les plus citées.
Certaines filles sont ré‑excisées avant le mariage si on s’aperçoit que cela n’a pas été bien fait ou dans le cas des infibulations, si la cicatrice s’est désunie spontanément.
Certaines mères reconnaissent les dangers des MGF, mais avouent que le fait de ne pas pouvoir se marier dans leur société est pire que le risque d’avoir des complications suite aux MGF, et que c’est donc le meilleur choix qu’elles puissent faire pour leurs filles.
La virginité, la chasteté, la fidélité
Les MGF sont vues comme un moyen de préserver l’honneur de la famille en prévenant tout désir sexuel et grossesse avant le mariage.
Dans le cadre de mariages polygames, où le mari ne pourrait peut-être pas satisfaire l’ensemble de ses épouses et où la femme pourrait être frustrée et tentée d’avoir une relation hors mariage, les MGF sont vues comme un moyen de préserver l’honneur du mari.
La fécondité
Il existe beaucoup de mythes autour de la fécondité. Ces pratiques sont censées accroître la fécondité et favoriser la survie de l’enfant.
Ainsi certaines communautés pensent que le clitoris, s’il n’est pas coupé, atteindra la taille du pénis, ou que le clitoris est un organe dangereux qui pourrait blesser l’homme pendant la pénétration (et le rendre impuissant ou stérile) ou empêcher le bon déroulement de l’accouchement.
La séduction, la beauté
En particulier dans les ethnies qui pratiquent l’infibulation, un sexe ouvert, béant est considéré comme laid. Un sexe cousu, fermé, épilé est perçu comme plus hygiénique et il est censé rendre la femme plus attrayante.
La pureté, la propreté
Tant qu’une fille n’aura pas été excisée ou infibulée, elle sera considérée comme impure, sale et certaines choses, comme préparer le repas ou servir à manger, lui seront interdites.
La religion
La pratique des MGF est antérieure à l’avènement des religions monothéistes, et en particulier de l’Islam. Alors que ni le Coran, ni aucun autre texte religieux ne prescrit l’excision ou l’infibulation, certaines communautés la pratiquent en croyant qu’elle est exigée par la religion.
Notons que les MGF perdurent parmi des communautés chrétiennes (catholiques, protestantes, coptes), juives d’Ethiopie (les Falachas) et animistes. Les diverses autorités religieuses diffèrent d’opinion : certaines les encouragent, d’autres les considèrent comme étrangères à la religion et, d’autres encore, luttent pour leur abolition.
En ce qui concerne l’Islam, lors d’une réunion internationale à l’université d’al-Azhar au Caire en 2006, de hauts représentants sunnites se sont prononcés contre les MGF (fatwa déclarant que les MGF sont infondées en droit musulman) (Andro & Lesclingand 2007).
Les MGF de type 1 sont souvent dénommées Sunna par les communautés musulmanes. Sunna représente pour l’Islam tout ce qui est bon pour Dieu, l’utilisation de ce terme pour parler de la clitoridectomie participe à la confusion et à l’idée que les MGF seraient une prescription de l’Islam.
Si le statut des exciseuses ne fait pas partie des justifications invoquées par la population, on peut toutefois le considérer comme un élément favorisant la continuité de ces pratiques.
En effet, les mutilations génitales féminines sont une source de revenus et de reconnaissance sociale pour les exciseuses. Elles n’ont, dès lors, pas intérêt à arrêter la pratique. De plus, cela peut-être également un rôle attribué par le sang. Une fille d’exciseuse, peut devoir devenir exciseuse sans avoir le choix.
Qui pratique l’excision
& à quel âge ?
Dans les pays d’origine, les mutilations sont pratiquées par des vieilles femmes, des accoucheuses traditionnelles ou des barbiers, parfois par des médecins ou sages-femmes dans une formation sanitaire bien que cela soit interdit par l’OMS.
Dans les pays occidentaux qui accueillent des communautés originaires de ces pays, des fillettes en sont encore victimes. Les familles font appel à une exciseuse expatriée ou envoient leur·s fille·s en vacances au pays pour qu’elle·s subisse·nt l’excision.
Les mutilations sont pratiquées généralement entre 4 ans et 14 ans, mais elles peuvent être aussi réalisées à quelques mois de vie ou juste avant le mariage. On observe ces dernières années un abaissement de l’âge de l’excision. Une des raisons est de cacher la pratique par les autorités comme beaucoup de pays ont légiféré contre la pratique. L’enfant est alors trop petite pour fuir l’excision ou pour porter plainte.
Quelles sont les conséquences
Les complication immédiates
- Douleurs intenses, accompagnées de peur, d’angoisse pouvant entraîner un état de choc.
- Hémorragies risquant d’entraîner la mort.
- Infections des plaies.
- Rétention des urines.
- Lésions des organes voisins.
Les conséquences psychologiques
Les mutilations sexuelles peuvent marquer une femme à vie.
L’allure traumatique de l’évènement peut être refoulé dans l’inconscient par l’enfant au moment où l’acte de mutilation est posé et resurgir des années plus tard et s’exprimer sous différentes formes.
- Perte de confiance dans les êtres aimés (trahison parentale)
- Troubles du comportement
- Anxiété, angoisse (flash-back, cauchemars)
- Dépression – PTSD (Syndrôme de stress post-traumatique)
Les complication à long terme
- Infections urinaires, génitales, calculs urinaires, neurinomes.
- Difficultés à uriner, douleurs pendant les règles, incontinence.
- Douleurs au niveau de la cicatrice, kyste, abcès.
- Problèmes liés à la grossesse et l’accouchement (travail bloqué, déchirures, fistules).
- Troubles de la sexualité (pour les 2 partenaires).
- Risque de transmission du VIH.
- Infections des trompes, stérilité.
Les complications à long terme vont être variables selon le type d’excision et les suites qui ont suivi l’excision (infection, anémie, problème de cicatrisation,…). Les excision de type III sont celles qui entraînent le plus d’infections et de problèmes lors de l’accouchement à cause de l’infibulation. Les dyspareunies (douleurs pendant les rapports sexuels) peuvent être présentes si la cicatrice est douloureuse ou si un neurinome se développe.