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La parole aux jeunes : engagé·e·s contre les MGF

Ce 7 mai 2024, nous étions rassemblé·e·s sur le campus Solbosch de l’ULB pour une table ronde intitulée « La Parole Aux Jeunes ». L’objectif ? Ouvrir la discussion autour des Mutilations Génitales Féminines en donnant la parole à la nouvelle génération . Autour de la table, cinq jeunes femmes issues de communautés concernées : Ramatou, Mariama, Aminata, Djelo, et Amina, le tout modéré par Hassanatou, Community Voice au GAMS Belgique.

 

Diariou Sow, présidente du GAMS Belgique, a ouvert l’événement en rappelant que les mutilations génitales féminines (MGF) étaient un sujet complexe et sensible, car cela touche à des valeurs culturelles. Cette pratique va au-delà de la simple pression sociale, elle touche l’identité même des individus, explique Diariou. « Ce soir, nous donnons la parole aux jeunes ! » a-t-elle clôturé, mettant en lumière le rôle crucial de la jeunesse pour cesser les MGF.

La voix de la jeunesse

Toutes nos intervenantes se sont ensuite installées pour la table ronde. Le public présent dans l’auditoire reflétait le thème de l’événement : des jeunes, des étudiant·e·s.

Hassanatou, ouvre la table ronde en demandant à nos intervenantes à quel moment ont-elles pris conscience de ce qu’était l’excision ?

Aminata prend la parole et raconte comment, dès l’âge de 10 ans, elle entendait sa mère discuter de ce sujet avec d’autres, sans qu’elle ne puisse saisir le sens de ces conversations. C’est vers ses 13 ans qu’elle entama alors des recherches sur internet et s’est ainsi rendu compte que cet acte est une atteinte à la personne.

Mariama évoque les discussions entendues entre sa mère et sa sœur, des échanges houleux, sans savoir de quoi il s’agissait. Puis un jour, vers ses 15 ans, sa sœur, voulant lui faire comprendre ce qui se cachait derrière les photos de fêtes où on voit des enfants danser, l’envoya faire un stage auprès d’une gynécologue à la Maison des femmes à Saint-Denis à Paris qui propose la reconstruction du clitoris. En écoutant les récits des femmes pendant les consultations Mariama entendit des histoires bouleversantes et comprit alors ce qu’était l’excision et comment sa sœur l’en avait protégée.

Ramatou, née en Guinée, évoque comment elle a grandi dans une culture où l’excision est normalisée et où les questions ne se posent pas. Ce n’est qu’à son arrivée en Belgique qu’elle découvrit ce qu’était le corps féminin. Avec courage, elle tenta d’en parler au sein de sa famille, mais en vain. « Ça a été fait, pourquoi en parler ? » lui répondit-on. Selon elle, si les parents peuvent être résistants à aborder le sujet c’est parce que parler de l’excision reviendrait aussi à admettre la douleur infligée à leurs propres enfants.

Les réponses des intervenantes soulignent toutes un point commun : la nécessité de briser le silence, le tabou et l’ignorance qui entourent les MGF.

Le débat s’est ensuite orienté vers la question de la remise en question des normes culturelles.

Djelo relate les échanges qu’elle a eu avec sa grande sœur, des conversations où toute remise en question semblait s’arrêter net. Elle s’interroge « Comment peut-on accepter cela ? ». Elle souligne également la réalité qui persiste toujours du mariage forcé, une pratique qui continue à menacer la jeunesse.

Aminata, déterminée, insiste sur l’importance de choisir sa propre voie et de prendre possession de son corps et de sa vie, malgré les pressions sociales et culturelles.

« On ne choisit pas d’où l’on vient, mais on choisit où l’on va. »

– Aminata

Hassanatou interroge le panel : « Est-ce que dire non aux mutilations génitales féminines fait perdre une partie de sa culture et de son identité ? ».

Pour Ramatou et Amina c’est un non catégorique. Cette pratique ne fait pas partie de leur culture. Elles affirment leur droit de redéfinir sa propre identité, de choisir ce qu’est sa culture et de rejeter les coutumes nocives. Amina rappelle qu’il y a une multitude de belles traditions qui nourrissent les cultures. Alors pourquoi rattacher cette pratique néfaste à la culture ?

Le rôle et l’engagement des jeunes

Les intervenantes ont également proposé des solutions concrètes pour sensibiliser et prévenir les MGF auprès des jeunes : de la création de groupes sur les réseaux sociaux pour informer et partager des ressources, à l’organisation d’ateliers et de forums en ligne pour offrir une plateforme sécurisée de discussion. Les intervenantes soulignent également l’importance d’avoir un espace de partage où l’on peut aborder de manière plus légère le sujet, conserver un beau souvenir du moment et ensuite en parler autour de soi.

Un appel à l’action

Aminata explique que parfois, il est tentant de se dire que l’acte a déjà été fait, qu’il est trop tard, et que se battre semble vain. Mais elle rappelle qu’il y a toujours des nouvelles générations qui arrivent, des sœurs, des nièces. « Il faut se battre pour elles ! » dit-elle. En Belgique, ce sont 12 000 filles qui sont à risque si aucun acte de prévention n’est entrepris.

Mariama rappelle que nous ne sommes pas là seulement pour une cause féministe, mais pour des droits humains !

Au cœur de cette table ronde, les voix des jeunes femmes ont résonné avec force, « La Parole Aux Jeunes » a été bien plus qu’un simple débat ; c’était un appel à l’action. En unissant leurs voix et leurs efforts, la nouvelle génération est déterminée à lever la voix, à protéger ses droits et à mettre fin aux MGF.

Suivez-nous sur les réseaux sociaux (@GAMSBe) si vous voulez vous joindre au groupe des jeunes du GAMS Belgique et voir les nouveaux projets qui vont naitre à la suite de cette table-ronde.

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