Colloque au Sénat le 6 février 2023

« Prévenir et protéger » et femmage à la fondatrice du GAMS Belgique

Le 6 février, à l’occasion de la journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines (MGF), le GAMS Belgique a organisé conjointement avec le comité d’avis pour l’Égalité des chances entre les femmes et les hommes du Sénat, un colloque au Sénat de Belgique. La plupart des invité·e·s étaient là pour la première fois, admirant les murs ornés de peintures, les hauts plafonds, le tapis rouge.

Stéphanie d’Hose, Présidente du Sénat, nous a souhaité la bienvenue à toutes et tous et nous a fait remarquer qu’il fallait regarder les portraits derrière nous : « Il y a trop peu de femmes accrochées parmi tous ces hommes ; pourtant une femme se distingue : Marie-Thérèse d’Autriche. Elle était mère de 16 enfants. De nos jours, quelle mère peut combiner une carrière réussie avec autant d’enfants ? » a-t-elle interrogé. Elle a rappelé l’importance de l’événement car les mutilations génitales commises sans aucune raison médicale sont une violation des droits humains. Elle a terminé son discours d’ouverture par : « Je vois aussi des étincelles d’espoir, comme le travail de l’organisation du GAMS Belgique. Je tiens à vous remercier pour l’incroyable travail que vous accomplissez. Merci à la fondatrice Khadidiatou Diallo ». Le ton était donné.

Fabienne Richard, directrice du GAMS Belgique, a présenté les chiffres : « 200 millions de filles et de femmes sont concernées par les MGF dans le monde », et elle a montré l’évolution de la prévalence en Belgique, par province. Les provinces d’Anvers et de Liège comptent le plus grand nombre de femmes touchées par les MGF. Dans son plaidoyer, elle a souligné le travail à faire dans la distribution des ressources dans le pays.

PANEL 1 : Procédure d’asile

Notre modératrice Lotte Buekenhout, juriste au GAMS Belgique lance le premier panel : « La protection internationale est-elle suffisante ? Quelque chose a-t-il changé depuis la dernière conférence sur ce sujet en 2019 ? ».

Marie Doutrepont (avocate du réseau Progress Lawyers) et Julie Lejeune (directrice de NANSEN) ont chacune répondu à ces questions. Ensuite, Ayse Yigit (sénatrice) a résumé et montré son engagement avec ces déclarations :

Les procédures pour les mères d’enfants ayant reçu une protection internationale doivent changer.

Les femmes et les filles qui ont subi des MGF doivent être protégées, également en Belgique, en raison du risque de récidive. Elle a rappelé dans un troisième point qu’il ne faut pas sous-estimer les dégâts que peuvent causer les MGF.

Pour conclure, elle a déclaré : « Je tiens à souligner que nous travaillons tou·te·s ensemble sur cette question, y compris les hommes » et que « Les droits des femmes sont des droits humains. » (…) « La politique doit oser choisir. Un grand merci aux expertes ».

Avant de démarrer le deuxième panel, Malick, Bao et Robert nous ont emporté·e·s lors d’un interlude musicale réconfortante à la kora et à la guitare.

 

PANEL 2 – L’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle

Céline Liurno (Psychologue et sexologue clinicienne chez Soralia) et Sophie Wouters (Coordinatrice de Punt vzw) ont chacune exposé leurs points de vue et là encore, une sénatrice, Hélène Ryckmans, a conclu par des engagements.

« Au niveau de l’école, nous ne séparons pas les filles des garçons. Ils sont intéressé·e·s. Il y avait des garçons qui voulaient savoir ‘qu’est-ce qu’une vulve intacte ? ».

Marianne Nguena (coordinatrice du réseau MGF et de la CoP), modératrice de ce panel interroge : « Qu’en est-il de la formation dans les écoles ? ».

La sénatrice Hélène Ryckmans mentionne que les centres de planning familiaux reçoivent enfin des ressources pour la prévention. En ce qui concerne la prévention dans les écoles, il y a beaucoup de travail à faire : « Il est très important de laisser les filles aller aux toilettes quand elles en ont besoin.

Nous devons également développer la capacité à dire non aux filles comme aux garçons. Nous devons leur expliquer la notion de consentement. Le plus important, c’est la formation des enseignant·e·s… et que les filles soient renforcées dans leur position. Avec les parents, elles peuvent détecter le risque. »

Marianne a accueilli avec délicatesse les questions du public ainsi que celles du panel :

« Comment se sentir légitime pour parler des MGF ? Comment parler de ce sujet ? Cela peut être considéré comme stigmatisant. Il faut être formé·, il y a des conséquences mentales, physiques et psychologiques. Cependant, si vous ne leur en parlez pas, elles n’en parleront pas. » Sophie Wouters : « Il ne faut pas forcément en parler, mais offrir un espace pour le faire ».

Témoignages

Au cours des débats, quelques témoignages émouvants ont été partagés par Mariama Bah et Fos Mohamed Nur, toutes deux autrefois bénéficiaires du GAMS Belgique, et aujourd’hui membre de l’équipe, chacune faisant la différence dans leurs communautés respectives. Au cours de la réception, nous avons pu entendre une invitée répéter et apprécier le conseil de Fos d’être une amie pour ses filles afin de gagner leur confiance.

Femmage

Fabienne Richard a ensuite commencé officiellement le « femmage » en l’honneur de la fondatrice Khadidiatou Diallo et a partagé quelques moments importants des 26 premières années du GAMS Belgique. Elle a rappelé comment l’approche de Khadia a fait s’évanouir les membres du parlement lorsque Khadia leur a montré des films de la pratique. La stratégie du GAMS Belgique a changé depuis, et l’organisation s’est développée, mais certain·e·s politiques s’en rappellent encore.

Fabienne Richard : « En Belgique, nous sommes forts en termes de protection. La loi est utilisée de manière protectrice. »

Mariam Diallo, une jeune fille du GAMS Belgique, a témoigné de la façon dont Khadia et l’organisation ont transformé sa vie. Elle a fait couler beaucoup de larmes dans le public. Dans un court film, le public a été informé des 4500 filles déjà sauvées en Belgique.

Khadidiatou Diallo était rayonnante de lumière tout au long de l’événement. Khadia n’a pas oublié de remercier chaque politicien, personne et institution, comme le Fonds Houtman, qui ont aidé le GAMS Belgique dans ses premiers jours. Elle a également remercié toute l’équipe du GAMS Belgique en mentionnant explicitement que « le GAMS Belgique ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans Fabienne Richard qui a donné à l’organisation tant de son temps et de sa vie ».

Elle a ensuite passé le micro à Diariou Sow, une jeune militante de Guinée qui est récemment devenue mère. Après 26 ans, Khadidiatou a transmis la présidence à Diariou en juin 2022. Khadia a souhaité à Diariou de la chance, du courage et une peau d’éléphant pour mener à bien sa tâche. Diariou Sow, toute de blanc vêtue, s’est adressée à toutes les excellences et aux invité·e·s présent·e·s dans la salle, puis a prononcé ses vœux en tant que présidente du GAMS Belgique.

Le travail de lutte contre cette violence de genre continue, le chemin est long. Le colloque « Prévenir et Protéger » en a été une étape importante et réussie.

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