Découvrez notre nouvelle étude de prévalence sur les mutilations génitales en Belgique
Plus de 35 000 filles et femmes concernées en Belgique ! Notre directrice, Fabienne Richard, sage-femme et également docteure en Santé Publique et Dominique Dubourg, médecin démographe à l’Agence wallonne de la Santé, de la Protection sociale, du Handicap et des Familles (AVIQ) ont présenté hier une nouvelle étude de prévalence des mutilations génitales féminines en Belgique. Cette recherche a été commanditée par Sarah Schlitz, Secrétaire d’État à l’Égalité des genres, à l’Égalité des chances et à la Diversité, et Franck Vandenbroucke, ministre de la Santé Publique. Voici un retour sur les chiffres et recommandations présentées en conférence de presse. Cette présentation a été pour notre plus grand bonheur largement médiatisée aussi bien du côté néerlandophone que francophone.
Il s’agit de la quatrième étude du genre : la nouvelle étude de prévalence des mutilations génitales féminines en Belgique a été menée par le GAMS Belgique et l’AVIQ avec un large consortium d’institutions (CGRA, Fedasil, Médecins du Monde, IWEPS, ONE, Opgroeien, ULB, IWEPS). L’étude estime que plus de 23 000 femmes excisées vivent en Belgique et que plus de 12 000 filles mineures nées de mamans excisées sont à risque de subir une mutilation génitale féminine si aucun travail de prévention n’est fait (année 2020).
L’étude de 2018, qui reposait sur des données de 2016, estimait à 17 575 femmes « très probablement excisées » et 8 342 filles « à risque d’excision ». Leur nombre est en augmentation constante depuis le début du monitoring en 2007. « Cela veut dire que notre pays respecte la convention de Genève et continue à accueillir les personnes qui en ont besoin« , rappelle notre directrice et chercheuse Fabienne Richard. « Les personnes migrantes sont souvent plus jeunes et font des enfants, c’est pour cela que la catégorie « filles à risque » augmentent aussi.” explique la chercheuse démographe Dominique Dubourg.
Des chiffres plus élevés en Flandre
Plus de 16 500 filles et femmes excisées ou à risque vivent en Région flamande (cela représente une augmentation de 45% par rapport à l’année 2016) contre 10 000 en Région Bruxelles-Capitale et 8 800 en Région wallonne. Chaque année, 1 700 femmes excisées nécessitant une prise en charge appropriée accouchent dans une maternité.
Les provinces d’Anvers et Liège, ainsi que la Région de Bruxelles-Capitale, sont les zones qui accueillent le plus de femmes et filles excisées ou à risque de l’être. Ces chiffres sont également un indicateur de nos besoins et revendications en matière de financement au niveau fédéral, régional et communautaire afin de pouvoir offrir un accompagnement optimal à toutes nos bénéficiaires aussi bien du côté francophone que néerlandophone du pays. Les collègues néerlandophones à savoir Jessica Tatout, Flore Bollaert, Ladan Dirir et Lotte Buekenhout ont également expliqué de manière concrète les conséquences que cela pouvait avoir sur leur travail au quotidien.
« Il y a un besoin crucial d’informer et de sensibiliser les communautés concernées, surtout à l’approche des vacances qui sont une période à haut risque avec les retours au pays d’origine », alerte Fabienne Richard. Pour rappel, le GAMS Belgique a lancé une campagne de sensibilisation au risque d’excision pendant les vacances sur les réseaux sociaux.
Parmi les autres recommandations, nous retrouvons la mise en place d’une trajectoire MGF (mutilations génitales féminines) pour les familles venues en Belgique par regroupement familial ou encore l’intégration de la thématique des MGF dans le cursus des soignants. Plus globalement, « il faut une politique uniformisée dans les écoles pour identifier précocement toutes les formes de violences sexuelles faites aux enfants en ayant une approche intégrée (inceste, excision…) », estiment nos chercheuses.
Vous pouvez télécharger la version courte de notre toute nouvelle étude juste ici:
Paroles de femmes concernées
« Aucune culture ne peut justifier une violence faites aux filles et aux femmes » a rappelé, Diariou Sow, la nouvelle présidente du GAMS Belgique. Cette dernière a rappelé combien il était important de continuer à lutter contre les MGF en Belgique auprès des différentes communautés et dans les pays où l’excision se pratique. Notre coordinatrice des relais communautaires, Mariama Bah a également expliqué à quel point il était important de pouvoir former des bénévoles sur le long terme et dans tout le pays.
L’implication des pouvoirs publics pour une meilleure prévention
Nous tenions à remercier la secrétaire d’Etat à l’Egalité des genres, Sarah Schlitz et le ministre de la Santé Publique Franck Vandenbroucke qui ont commandité cette étude. Lors de la conférence de presse, la secrétaire d’État a annoncé son soutien à deux prochaines campagnes de sensibilisation. L’une pour mieux faire connaître les deux centres accrédités offrant une prise en charge globale des femmes excisées (CeMAViE au CHU St Pierre de Bruxelles et la VrouwenKliniek de l’UZ de Gand) et l’autre pour prévenir les risques d’excision à l’approche des départs en vacances, souvent synonymes de retour au pays. Un gage de confiance pour lequel nous sommes reconnaissant∙e∙s. Nous vous invitons par ailleurs à lire le communiqué de presse rédigé à cette occasion juste ici.
Une large mise en lumière de la situation dans les média
Merci aux médias qui se sont déplacés pour découvrir les chiffres de l’étude de prévalence et rapporter nos recommandations dans la sphère publique. Vous pouvez retrouver de nombreux entretiens et articles web sur la VRT, Radio 1,Het Laatste Nieuws, De Morgen, De Standaard, Gazet van Antwerpen pour la presse écrite côté néerlandophone et même Grenz Echo, côté germanophone. Vous pouvez également visionner en replay les JT francophones de RTL de 13h et 19h ainsi que le 13h de la RTBF mais également en ligne sur Le Soir, 7sur7, RTBF, RTL. C’est avec une médiatisation et une conscientisation globale que nous pourrons ensemble lutter plus largement à l’abolition des mutilations génitales féminines.